Non à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes

En réponse au communiqué de presse de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des États :

NOUS REFUSONS L’AUGMENTATION DE L’ÂGE DE LA RETRAITE DES FEMMES ET EXIGEONS LE RETRAIT D’AVS21

Une réforme juste de l’AVS doit reposer sur une société où l’égalité des femmes et des hommes est devenue réalité. Des solutions fermes et ambitieuses doivent être trouvées aux questions de fond qui touchent tant les femmes que les hommes :  l’accès égal au marché du travail et aux formations, les différences de salaire pour les mêmes compétences, ce qui passe aussi par la revalorisation des métiers dits « féminins ». Mais aussi l’accès inégal des hommes aux responsabilités domestiques et de soins.

Ces questions de fond ne peuvent être résolues qu’avec des mesures politiques volontaires tant concrètes (par exemple: répondre entièrement aux besoins d’accueil de jour pour les enfants à des tarifs très abordables, congés maternité, paternité et parental étendus et bien financés, réduction de la norme du temps de travail pour tous et toutes, des dispositions fiscales et dans les assurances sociales qui incitent à l’inégalité qui bien que connues depuis des décennies ne trouvent pas de franche solution) mais aussi et de façon résolue avec une politique de modification des représentations autour des rôles des deux genres (à l’école, dans les institutions publiques, dans nos lois et assurances, dans nos quotidiens professionnels et privés ainsi que sur la voie publique) qui nous conduisent toutes et tous, au quotidien à participer à perpétuer les inégalité de genre et sociales.

C’est l’atteinte de cette égalité de fond qui financera les manques dans l’AVS tout en rentabilisant mieux les nombreux investissements publics effectués pour la formation, la mobilité sociale  et les individus. Sur une période de 10 ans, si les inégalités salariales « inexpliquées » n’existaient plus, les cotisations prélevées sur ces salaires supplémentaires amèneraient largement les moyens qu’on veut maintenant faire porter aux femmes en augmentant pour elles l’âge de la retraite. On a trop souvent invoqué le principe constitutionnel de l’égalité entre les hommes et les femmes pour leur imposer des obligations supplémentaires, alors que l’égalité de fait n’est encore qu’un mirage. L’égalité de droit, l’argument-clé pour l’élévation de l’âge de la retraite des femmes, ne met qu’un sparadrap sur les comptes de l’AVS. C’est une démarche ni responsable ni professionnelle, nullement à la hauteur des capacités intellectuelles, humaines et financières de la Suisse en 2021. Au lieu de gaspiller des deniers publics à des mesures de « compensation », qui n’en sont d’ailleurs pas, mais qui vont être très coûteuses à gérer, passons maintenant à une vraie réforme sociale, écologique et égalitaire de l’AVS.

L’AVS, qui est un système plein de qualités en termes d’équité par exemple, contrairement à la LPP, mérite bien mieux que ces propositions de surface et amateures. Soyons ambitieuses et ambitieux pour une réforme qui tienne compte des vrais besoins actuels et qui inclut l’expertise de la population au sens large. Ce sera là enfin un vrai bon investissement pour les décennies à venir.

On peut noter le manque de volonté politique de lutter efficacement contre les discriminations et la faiblesse des moyens engagés pour le faire, ceci alors même que l’on veut relever l’âge de la retraite des femmes.

Quelques exemples :

  • Loi sur l’égalité salariale entrée en vigueur en juillet 2020, réduite au minimum : pas de sanction de l’employeur en cas de discrimination, seules les entreprises de plus de 100 salariés (ce qui ne représente même pas la moitié des employés en Suisse) devront vérifier l’égalité des salaires
  •  Refus par le Conseil des États en décembre 2020 d’une motion demandant de mener une campagne d’envergure de plusieurs années contre le sexisme
  • Refus par le Conseil national en septembre 2019 d’une initiative parlementaire demandant la création d’une commission indépendante chargée de réaliser l’égalité salariale

En résumé : maintien des discriminations, faiblesse des moyens engagés pour les combattre, mais volonté obsessionnelle de relever l’âge de la retraite des femmes.