Communiqué de presse: Notre réaction au vote pour AVS 21 de la CSSS-N

La Coordination romande de la grève féministe et des femmes* a pris connaissance du vote final de la Commission de la sécurité sociale et de la santé du Conseil national (CSSS-N) qui a décidé d’augmenter l’âge de la retraite des femmes. Bien qu’attendue, cette décision nous met en colère : la voix majoritaire des femmes*, qui par deux fois ont refusé des réformes qui visaient à augmenter l’âge de la retraite à 65 ans, n’a pas été entendue.

La Commission prétend avoir amélioré le projet d’AVS 21. Or, il n’en est rien :

  • AVS 21 ne contient aucune compensation durable, mais uniquement des mesures transitoires. En clair, la très grande majorité des femmes n’auront rien d’autre que l’augmentation de l’âge de la retraite ;
  • La CSSS-N a restreint les mesures transitoires à six cohortes au lieu de neuf. En clair, seules les femmes qui auront 59 ans au moment de l’entrée en vigueur de la réforme, seront concernées par les mesures ;
  • Le renforcement du financement via la TVA a été réduit de 0,7 à 0,4 points, contre 0,3 points dans le modèle du Conseil des Etats. Rappelons que le projet initial du Conseil fédéral (avant RFFA) était de1,5 points. En clair, la droite peint le diable sur la muraille au sujet des finances de l’AVS, puis pratique la politique des caisses vides pour justifier des mesures anti-sociales comme l’augmentation de l’âge de la retraite ;
  • La majorité de la CSSS-N exige que le Conseil fédéral prépare une nouvelle réforme pour 2026 déjà, dont l’objectif est l’augmentation de l’âge de la retraite à 66 ou 67 ans pour tout le monde.

Dans sa communication du 6 mai 2021, la CSSS-N met en avant l’amélioration des montants alloués à la génération transitoire et le fait que ce supplément n’aura pas d’effet sur les prestations complémentaires (PC). Si l’intention est bonne, il n’en reste pas moins que cette manière de faire perpétue l’existence de rentes trop basses qui obligent les retraité-e-s, en majorité des femmes, à demander les PC. Or, ce que nous attendons du Parlement est une réforme qui réponde enfin au mandat constitutionnel : la rente de l’AVS doit assurer les besoins vitaux et garantir des conditions de vie dignes pour tout le monde.

Les collectifs de la grève féministe se battent pour que chaque personne à la retraite puisse vivre dignement. Imposer aux femmes de travailler une année de plus au nom de l’égalité alors que, depuis la grève féministe du 14 juin 2019, les inégalités salariales femmes-hommes se sont creusées davantage est un affront. C’est d’autant plus grave que la hausse de l’âge de la retraite va impacter surtout celles parmi nous qui ont des métiers pénibles et des revenus modestes. Car, comme le montre une récente enquête de l’OFS, ce sont surtout les personnes qui peuvent se le permettre qui partent à la retraite plus tôt, en particulier les hommes qui ont eu de hauts revenus durant leur vie active et qui ont des rentes élevées.

Rappelons aussi que cette réforme est inutile, puisque les finances de l’AVS se portent bien, contrairement à tous les scénarii catastrophe qui nous ont été présentés. En 2020, la fortune de l’AVS a augmenté de 1,9 milliard de francs.

Ce dont nous avons besoin c’est d’une réforme qui augmente les rentes, pas l’âge de la retraite. C’est pourquoi nos plumes sont prêtes pour, le moment venu, combattre AVS 21 par un référendum. On lâche rien !