NON à l’initiative sexiste et raciste « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage »

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L’initiative ne répond à aucune réelle nécessité

Qui serait touché·e ?
Les femmes* qui portent une burqa en Suisse sont ultra-minoritaires, 30 personnes selon une étude récente de l’Université de Lucerne. Celles que l’on voit dans la rue sont principalement des touristes.

Et si une femme* n’a pas choisi la burqa ?
Si une femme* est forcée de porter une burqa, c’est un acte de contrainte qui est déjà clairement puni dans le code pénal suisse.

Quelle utilité ?
Il est déjà possible de pouvoir demander à une personne de montrer son visage pour des démarches administratives. Pour l’enjeu sécuritaire : il concerne uniquement les hooligans.

Les buts sous-jacents ?
Comme cette initiative ne répond à aucune nécessité pratique, son objectif est de stigmatiser à nouveau la minorité musulmane, et en particulier les femmes*, et de tenter ainsi de diviser les féministes.

Nous refusons de légiférer sur l’habillement des femmes

Dénier aux femmes* musulmanes la capacité de penser, de faire des choix, de s’émanciper par elles-mêmes, de parler pour elles-mêmes, est un déni de démocratie, une infantilisation sexiste et la preuve d’un paternalisme extrême. Les collectifs de la Grève féministe et des femmes* refusent cette logique et défendent le droit de chacune de disposer librement de son corps et d’être libre de ses choix. Qui sommes-nous pour questionner les choix vestimentaires d’une femme* ? Le contrôle du corps des femmes* doit cesser.

Nous ne laisserons pas instrumentaliser la cause féministe à des fins racistes, xénophobes et islamophobes

L’antiracisme est un enjeu féministe. Il n’est pas acceptable de systématiquement considérer les femmes musulmanes comme des personnes étrangères, qu’il faudrait sauver. Les politicien·ne·s et les médias doivent considérer les femmes* musulmanes vivant en Suisse comme faisant partie intégrante de la population de ce pays. Comme nous l’avons écrit dans notre Manifeste pour la Grève féministe et des femmes*, nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes, notamment à des fins racistes. Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toustes, quelle que soit notre religion ou apparence. Nous rappelons par ailleurs que l’islamophobie est une forme de racisme et non une opinion, et que ce sont les femmes* qui en sont les principales victimes.

Cette initiative masque les réels enjeux féministes

Nous attendons toujours de réelles réponses, des budgets, des mesures concrètes, pour celles qui souffrent de la crise et du sexisme, celles qui sont humiliées dans l’espace public, et toutes les autres. Inscrire dans la Constitution l’interdiction du port d’un vêtement ne fait partie d’aucune des revendications énoncées par nos collectifs. Nous ne laisserons pas notre attention être détournée des réels enjeux d’égalité. Nous ne laisserons pas notre cause être instrumentalisée. Nous ne laisserons pas légiférer sur le corps des femmes*.

Nous appelons à voter non à cette initiative sexiste, raciste, comme le proposent le Conseil national, le Conseil des États, et le Conseil fédéral.

* Toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance)

Le communiqué en pdf

A lire également l’argumentaire préparé par le collectif Les Foulards Violets en version complète ou résumée